Auprès du village d’Avatoru, Alice fait fleurir son jardin : il lui offre pandanus, cocotiers, plantes grasses, qui poussent avec vue sur le lagon de Rangiroa.
Alice Snow a grandi à Raraka aux Tuamotu. Partie à Tahiti, elle y rencontre son mari. Ensemble ils s’installent à Rangiroa en 2005 pour trouver du travail. Alice est employée pour faire des ménages, mais aussi, elle tresse. Paniers, couronnes, décorations, chapeaux…ses mains s’activent pour dresser et plier les feuilles des arbres qu’elle tire de son jardin.
Cette artisane a appris le tressage d’abord avec sa mère à Raraka. Elle commence par le travail du palmier pour réaliser les toits des fare. Le reste, elle l’a appris en observant les autres tresser, sur des vidéos youtube, mais aussi et surtout en passant du temps avec les mamies. Alice n’hésite pas à leur demander de lui montrer des techniques de tressage : elle observe puis fais « à sa sauce », en améliorant. Sa soif d’apprendre l’a amenée à maitriser diverses techniques et à se diversifier dans ses créations. Elle ose des formes audacieuses pour les paniers, qui sont de véritables pépites ! Surtout, Alice travaille à une vitesse incroyable : face au lagon de Rangiroa, ses mains s’activent à une vitesse folle pour donner vie à des jeunes palmes de cocotier. Un kaveu traine sur la plage et admire les roses prendre forme entre les doigts de la tresseuse.
Aujourd’hui, Alice travaille en tant que femme de ménage. Elle sillonne l’atoll sur son tricycle bleu avant de rentrer chez elle où elle retrouve la paix et le loisir de tresser. Assise à l’ombre au milieu de ses plantes, elle réalise des chevrettes, des roses, des paniers, des couronnes… de différentes couleurs en fonction de la maturité de la matière première. Alice utilise palmiers, cocotiers, pandanus qu’elle a plantés dans son jardin. Ainsi, grâce à l’artisanat et à ses plantes, cette Paumotu aura toujours de quoi tresser et de quoi vivre. Cette leçon, elle l’a transmise à ses enfants qui ont grandi à Rangiroa : il est important qu’ils aient de quoi se débrouiller, qu’ils sachent puiser dans les ressources de l’île pour travailler et subvenir à leurs besoins. La vente de produits artisanaux – les paniers, les couronnes… - et de produits du jardin -coco glacé- permet déjà aux plus agés de se faire de l’argent de poche et de se rendre compte de la richesse de leur atoll.
Alice n’a pas de boutique, mais ses amis savent qu’ils peuvent l’appeler pour commander une de ses réalisations. En fonction du temps dont elle dispose, de son goût, elle répond aux demandes. Pas de stands, pas de marché… il faut connaître Alice et son numéro de téléphone pour pouvoir passer commande ! Cette artisane cultive sa paix en restant hors des circuits trop voyants de Rangiroa. Elle travaille chez elle, à son rythme, et gère très bien ses commandes en fonction de son temps et de ses envies. Avec un caractère fort, et beaucoup d’humilité, cette femme des Tuamotu nous fait comprendre qu’elle préfère être tranquille pour tresser, plutôt que de crouler sous les clients, les commandes et une ferveur qu’elle n’apprécie pas. Le tressage n’est pas son activité principale, mais un « à côté » qui complète ses revenus et qu’Alice veut conserver également comme une passion. Elle s’y adonne quand elle en a envie, quand elle a le temps. Voilà un doux loisir sous le ciel de Rangiroa.